jeudi 24 novembre 2016

Le Mot Exact Est Féminicides





Hier a eu lieu le 101e féminicide depuis le début de l'année. C'est à dire que depuis le 1er janvier 2016, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint, mari, compagnon ou ex etc... Les associations féministes sont nombreuses à référencer les féminicides (comme ici ou ici) et vous pouvez suivre cette longue liste macabre s'allonger de jours en jours. Ces associations et militantes demandent à ce que le meurtre d'une femme parce qu'elle est femme soit reconnu par la loi en tant que circonstance aggravante et crime de haine de la même façon que les crimes racistes ou antisémites ou homophobes le sont.

Tuer une femmes parce qu'elle est femme qu'est ce que ça signifie vraiment ? Je ne reviendrais (presque) pas sur le fait que nous sommes dans une société patriarcale, fondée sur une hiérarchie pyramidale de privilèges et de désavantages, hiérarchie structurée et intégrée par tous grâce à des institutions telles que la famille, l'école ou les médias. 
Les femmes dans cette hiérarchie ont toujours le désavantage par rapport à l'homme et l'origine de ce désavantage est le fait que l'homme a considéré et continue de considérer la femme comme une possession et non comme une égale. La femme permet ainsi traditionnelement à l'homme d'avoir une descendance, d'éduquer sa descendance, et de s'occuper de lui par la même occasion pendant qu'il vaque à ses occupations. Je ne m'étendrais pas plus sur les origines, la littérature sur le sujet est moulte et l'internet en regorge. Tout ce qu'il faut retenir c'est la notion de possession réaffirmée par une infinité de petits mécanismes et d'idées reçues

Le féminicide vient du fait qu'ils s'approprient nos corps. 


De ce principe d'appartenance découle le principe de violence. Quelque chose que l'on possède qui est à nous, nous pouvons en disposer comme bon nous semble. Et c'est de là que TOUT découle: Les viols (principe d'appartenance ou punitif), les violences (pour rétablir son autorité), le harcèlement de rue (je dispose du corps des femmes je peux en dire ce que je veux), l'interdiction de l'IVG et de la contraception (si la femme prend le contrôle de son corps je n'ai plus mon mot à dire) etc...
Même notre notion du couple et notre sexualité en est complètement emprunte. La sociologue Chahla Chafiq-Beski explique à travers sa recherche qu'aujourd'hui le système a fait converger deux principes, l'érotisme soit le plaisir sexuel partagé et la possession qui passe par le consumérisme. La possession engendre des violences. Ainsi le système prostitueur est un exemple de ces violences, car les clients achètent de droit de possession sur une femme, payent pour pouvoir faire tout ce dont ils ont envie, même les violences. De la même façon la pornographie, qui a complètement voulu faire passé ce consumérisme (et donc possession) sexuel pour de l'érotisme et du plaisir, reproduit le schéma des violences et les enseignent à ceux qui le consomme.


Un Féminicide médiatisé tous les trois jours, en réalité il y en a tellement plus: non médiatisé, camouflé par des disparitions, ou qui n'ont pas été pris en compte par la définition globale. 


Aujourd'hui le terme de Féminicide ne peut comptabilisé que les meurtres de femmes qui sont médiatisés, nombreuses sont les oubliés de ce gynocyde, parce qu'il est difficile d'avoir l'information ou parce que cela n'est pas encore considéré comme tel. C'est pourquoi j'insistais sur la prostitution : Une personne en situation de prostitution a 60 à 120 fois plus de risques de mourir d'une mort violente qu'une personne qui ne l'est pas. Cela fait que tous les jours des femmes en situation de prostitution sont tuées par leurs proxénètes et leurs clients.
Et ce sont des féminicides.
La notion punitive et d'appartenance est bien là, ces femmes sont tuées, pour être femmes, au même titre que les 101 femmes tuées depuis Janvier.

Les autres cas de féminicide dont on ne parle pas sont ceux des suicides engendrés par des harcèlements. Récemment les médias nous ont parlé de ces mères d'enfants handicapés ou autistes, acculées par les services sociaux et menacées qu'on leurs enlève leurs enfants et ainsi qui mettent fin à leurs jours. C'est le fait d'être femme, d'être mère, et de ne pas avoir le choix pour son enfant qui les tue.
Toujours dans le même registre, ces adolescentes, ou ces femmes, qui après mintes harcèlements sexuels, dans la réalité ou sur internet, et parfois (trop souvent) des violences sexuelles, qui se donnent la mort. Une femme qui mets fin à ces jours car elle ne supporte plus le poids des violences qu'elle a subie est aussi un féminicide.



la violence masculine est la première cause de mortalité pour les femmes de 16 à 44 ans dans le monde. En France on mesure à peine le chiffre grossissant du nombre de tuées.
Il faut absolument nommer le féminicide, ces crimes ne sont ni des « faits divers » ni des « drames familiaux » et encore moins des « crimes passionnels ». En ne nommant pas clairement meurtriers et victimes, les médias banalisent ces violences.
Il faut également que le féminicide ait son inscription dans le code pénal français, comme c’est déjà le cas en Italie, Espagne et 7 pays d’Amérique Latine.

Il ne faut plus qu'ils nous tuent.











Photo : Insomnia

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